La tribune de l’ONU, une histoire de symboles

Il y a de ces interventions à l’ONU qui ont marqué les esprits.

Celle de Fidel Castro en 1960, et son discours record de 4h29 pour “dire la vérité” et dénoncer l’impérialisme américain. Celle de Nikita Khrouchtchev qui la même année explose de rage suite à la dénonciation par le représentant philippin de la mainmise de l’URSS sur son pays, menant le dirigeant soviétique à frapper son pupitre avec sa chaussure. Mais il y aussi eu celles de Yasser Arafat, Dominique de Villepin, Thomas Sankara, Hugo Chavez ou encore Mouammar Kadhafi. Chacun venant défendre, dans l’enceinte internationale, sa vision du monde. 

À chaque fois, ces moments iconiques de notre Histoire commune se déroulent au même endroit : la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle constitue le seul lieu sur terre où le monde parle chaque année officiellement au reste du monde. 

Ce perchoir, son marbre vert, son logo doré, son plan resserré sur le visage du locuteur entrecoupé d’images plus larges de l’assemblée où se joue la diplomatie internationale, c’est ce que décrypte “La tribune de l’ONU, perchoir diplomatique mondial”, un épisode de l’émission Le dessous des images sur Arte. En 10 minutes et 48 secondes, la rédaction de Sonia Devillers, avec la participation d’Alan Adair (responsable de Onu TV) et Jean-Vincent Holeindre (professeur de science politique) retracent la fabrique de ces images qui font le tour du monde, ainsi que leur impact sur la scène internationale. Ils dissèquent la manière dont ces moments symboliques sont mis en scène, filmés, puis diffusés, commentés et parfois instrumentalisés par les Etats, les médias, ou même le grand public. Des images qui entrent même parfois dans l’espace de la pop culture, comme en 2012. Cette année-là, Benyamin Netanyahu prononce un discours à charge contre le programme d’armement nucléaire iranien, brandissant un croquis jugé rudimentaire. L’image fait l’objet d’une vague sans précédent de détournements sur Internet, boostée notamment par le concours #BibiBombCaption porté par le New York Times.

Le droit international comme rempart au chaos

Dans ce Dessous des images, c’est l’allocution de Volodymyr Zelensky, en septembre 2025 qui sert de porte d’entrée à l’analyse. Ce jour-là, le chef d’Etat ukrainien, interpelle la communauté internationale avec un constat alarmant : “Le XXIe siècle n’est pas très différent du passé. Si une nation veut la paix, elle doit toujours s’armer. C’est malheureux, mais c’est la réalité : ce ne sont ni le droit international, ni la coopération, mais les armes qui décident de qui survit”.

Or, des années plus tôt, Boutros Boutros Ghali, ancien secrétaire général de l’ONU avait affirmé que “le droit international est, pour les Etats, non seulement un ensemble normatif, mais aussi un langage commun”. Des mots qui trouvent une résonance particulière dans le contexte mondial quatre-vingt ans après l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies le 24 octobre 1945.  Depuis, l’ONU a failli plusieurs fois à sa mission de garantir la paix. Parfois même, la réalité a donné tort à Dag Hammarskjöld, autre ex Secrétaire Général : « L’ONU n’a pas été établie pour nous mener au paradis, mais pour nous éviter l’enfer ». 

Car à chaque fois que le droit international a été bafoué, à chaque fois que la possibilité d’un dialogue a été mise à mal faute de langage commun, le monde s’est approché un peu plus du chaos. 

Alors qu’elle célébrait en octobre son 80ᵉ anniversaire, la Charte des Nations unies et ses principes n’ont peut-être jamais été plus à l’ordre du jour, et il est urgent pour la tribune de l’ONU, à la manière de son logo, de redorer son image.

 

Pour retrouver l’épisode dans son intégralité : https://www.arte.tv/fr/videos/121271-064-A/le-dessous-des-images/

 

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  • publié le 3 novembre 2025